Je vais te parler aujourd’hui d’un film, et aussi de deux rencontres qui m’ont remuée, secouée, bouleversée.
En tant que chroniqueuse pour ton webzine préféré, je suis allée à l’avant-première toulousaine du film documentaire « Latifa, le coeur au combat », écrit et réalisé par Olivier Peyon et Cyril Brody.
L’histoire de Latifa Ibn Ziaten est celle d’une mère devenue activiste. Quand son fils Imad, militaire, est assassiné par le terroriste Mohamed Merah le 11 mars 2012, son monde bascule. Pourtant elle refuse de perdre espoir, et parcourt les villes de France dans un seul but : défendre la jeunesse des quartiers et combattre la haine avec la tolérance et l’écoute. Elle transforme ainsi chaque jour son destin singulier en un combat universel.
Ce film m’a permis de connaître l’histoire de cette femme admirable, de « partager » son quotidien puisqu’elle a été filmée pendant presque un an, de novembre 2015 à novembre 2016. Je ne vais pas te raconter son histoire, le film le fera beaucoup mieux que moi… Je vais en revanche te parler de mes deux rencontres, et des échanges passionnants que j’ai eu la chance de vivre.
La première rencontre se passe avec Cyril Brody, co-réalisateur du film. Je vais discuter avec lui pendant 30 minutes, alors qu’il est venu à Toulouse pour l’avant-première.
Ce qui m’intéresse, c’est sa vision, son ressenti et son expérience par rapport à ce film si particulier, et aussi son rapport avec Latifa.
Il m’explique que la genèse du projet, c’est une idée de Carole Scotta et Julie Billy, productrices chez Haut et Court, société indépendante de production et de distribution de films. Elles sollicitent tout d’abord Olivier Peyon, qui en parle ensuite à Cyril, car ils avaient déjà travaillé ensemble. Ils rencontrent Latifa juste après l’attentat de Charlie Hebdo, en janvier 2015. Ils la trouvent vivante, moderne, légitime. La décision de faire le film est prise à l’été 2015, et le tournage débute (paradoxe ?) juste après le drame du Bataclan, en novembre 2015.
Le film va coûter plus de 500 000 €, avec la particularité d’avoir été financé en partie par une collecte sur Kiss Kiss Bank Bank. Ce sont 1626 personnes qui donneront 82 550 €, dont la moitié sera reversée au profit de l’association « Imad pour la Jeunesse et la Paix« .
Olivier et Cyril vont suivre Latifa dans tous ses déplacements, à travers le monde entier, afin de montrer l’universalité de son propos et la diversité de son champ d’action. A travers elle, c’est aussi un état des lieux de la France d’aujourd’hui, de ses problématiques d’intégration, des interrogations et des doutes de sa jeunesse.
Cyril conclut en me parlant de la proximité qui s’est créée avec Latifa lors de tous ces mois de tournage, de ce quotidien partagé, et de sa satisfaction de voir enfin le film abouti, après 8 mois de montage.
En sortant de cet entretien, je ne sais pas encore si je vais pouvoir rencontrer « l’héroïne du film », Mme Ibn Ziaten. Elle est attendue à Toulouse alors qu’elle est arrivée le jour-même de New York, où elle a reçu une distinction de la « Global Hope Coalition » et de l’UNESCO avec d’autres personnes agissant en faveur de la paix.
Et là, chance incroyable, l’attachée de presse de Haut et Court vient vers moi et me dit que je vais pouvoir m’entretenir quelques instants avec Latifa, pourtant extrêmement sollicitée.
Je me retrouve donc devant cette femme formidable, je suis intimidée, elle me salue très simplement, souriante, rayonnante, disponible. Je lui fais part de mon admiration pour son action et son combat, elle me répond que c’est une évidence pour elle, que c’est son fils Imad qui le lui a demandé, et qu’elle agira ainsi jusqu’à la fin de sa vie. Elle m’explique que son fils est à ses côtés en permanence, qu’il la soutient et lui donne la force de se battre et d’agir au quotidien.
C’est lui qui l’a poussée à fonder l’association « Imad pour la Jeunesse et la Paix », quarante jours après sa mort. C’est à la fois un hommage à son fils, et un engagement à « porter la bonne parole » auprès de la jeunesse, afin que, comme elle l’a dit, il n’y ait « Plus jamais Merah ! ».
Je lui dis aussi que j’ai été très touchée et émue en la voyant à de multiples reprises dans le film prendre des jeunes dans ses bras, comme une maman. Latifa me répond qu’en effet elle ne peut pas rester distante et insensible face au désarroi d’un(e) jeune, qu’elle ne sait pas faire autrement que consoler, prendre dans ses bras, qu’elle leur propose toujours de les aider, leur donne sa carte de visite, leur dit de ne pas hésiter à l’appeler, qu’elle sera là pour eux.
L’attachée de presse nous rejoint, il est temps de mettre fin à notre échange, je serais pourtant volontiers restée plus longtemps en la présence de cette mère courage, lumineuse, irradiant la paix et l’amour. Elle prend le temps de me dire au revoir, me dit qu’elle a été contente de me rencontrer, et s’éloigne vers son rendez-vous suivant.
Quelle claque !!! Je rentre chez moi sur un petit nuage, nourrie et remplie de sa lumière. C’était il y a trois semaines, depuis je pense souvent à elle et la suis sur les réseaux sociaux, je te donne tous les liens à la fin de l’article.
Tu l’auras compris, il faut ABSOLUMENT que tu ailles voir ce film. A Toulouse, ce sont les deux cinémas d’art et d’essai qui le diffusent depuis le 4 octobre dernier : l’American Cosmograph et l’ABC.
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