« Ce qui est monstrueux n’est pas nécessairement indigne. » A.N.

Le crime du comte Neville – Éditions Albin Michel – 135 pages – Parution : août 2015 – Couverture : ©Albin Michel – Prix : 15 €
Amélie Nothomb… Est-il besoin de la présenter en détails ? Je ne crois pas. Le nom de l’autrice d’origine belge, élevée en partie au Japon, a fait le tour de la francophonie depuis une vingtaine d’années. Un sourire rouge sang sur un visage poudré blanc de craie surmonté de chapeaux plus fantasques les uns que les autres et cette femme, astucieusement douée en communication, s’avance à chaque fin d’été dans son rôle d’icône pour nous livrer son cru de la rentrée. Et elle fait chaque mois d’août ou presque les belles heures de son éditeur, Albin Michel.
Cette année, elle nous livre, Le crime du comte Neville… Difficile de se renouveler cependant quand on écrit trois romans par an, quand on en compte des quantités en réserve, de quoi tenir des années encore. Il y a des rentrées avec et des rentrées sans. Parfois il m’arrive de me demander où est passée l’Amélie Nothomb de la période de ses débuts, depuis qu’elle est devenue un rouleau compresseur de l’édition. Et comme elle est attendue chaque 20 août, elle risque parfois de décevoir mais je pense qu’elle n’en a cure. Nothomb séduit un certain public qui le lui rend bien ; je ne m’inquiète pas pour ses fins de mois. Et sans aucune sorte de jalousie comme d’envie.
Le crime du comte Neville, est efficace sur le plan de l’écriture. Nothomb va à l’essentiel en tentant comme à son habitude de nous suprendre. Cette fois, nous plongeons dans une satire de la noblesse déchue, où dès le début on apprend que le comte est tombé dans un traquenard. Lors d’une garden-party, il doit absolument tuer quelqu’un de son entourage, de ces mondains qui adulent les raouts et autres pince-fesse voire même quelqu’un de sa famille. C’est une voyante, Rosalba qui le lui a ordonné. Mais Henri Neville ne l’entend pas de cette oreille, tuer une innocente, un innocent… Impensable. Il n’est pas un assassin même s’il méprise toutes ces vieilles poules, tous ces vieux coqs qui vont venir se goberger de champagne tiède et de petits fours rances dans les jardins de son château, très prochainement. Château qu’il est en train de perdre car il a sombré dans les ennuis financiers. Ce qu’il tente d’ailleurs de dissimuler aux siens.
C’est sans compter sur sa fille cadette, Sérieuse, qui le supplie de la tuer pour sortir de son dilemme. Car elle sait tout la jeune fille. Un coup de fusil bien visé et adieu les problèmes du moment. Elle se voit laide et sans avenir face à ses deux aînés à qui tout réussit et qui possèdent un physique de rêve. Au moins son passage bref sur la Terre aura pris tout son sens si elle aide son père. C’est qu’elle a le sens du sacrifice, Sérieuse. Une Antigone des temps modernes… Peut-être ?
L’humour noir plutôt bien maîtrisé par l’autrice d’Acide sulfurique, roman que j’avais apprécié il y a quelque temps, y est présent, et la farce pourrait prendre si le dénouement ne me semblait pas aussi attendu. Du coup, on reste un peu sur sa «faim». On aimerait plus de rebondissements, plus de surprises. Qu’y avait-il sous le chapeau de Nothomb quand elle a imaginé cette courte bluette ?
Même si n’est pas Amélie Nothomb qui veut, on est très loin de bijoux comme, Les combustibles, Les catilinaires, Péplum ou Stupeur et tremblements. Mais c’est le lecteur qui se forge son avis à partir de son propre libre-arbitre. Et puis un roman de Nothomb se lit facilement en moins d’une heure. Alors je cède ma place et vous laisse avec Le crime du comte Neville.
Christophe Maris, Journaliste-Écrivain-Expert en communication
©MARIS Conseil – septembre 2015 – Tous droits réservés
Image à la Une collection personnelle de Christophe
Nous te rappelons les prochaines chroniques littéraires de Christophe
Pas de commentaire